Brancusi Sm'Art

« Quand j'étais son voisin, vers les années 1946-1950, impasse Ronsin - dans le XVe arrondissement, une pittoresque cité campagnarde d'ateliers en instance de démolition, où des poules picoraient dans les cours -, il se tenait fréquemment debout sur le seuil de sa porte, comme s'il attendait quelqu'un. Il avait les yeux vifs, le regard ironique et malicieux. Un paysan rusé. Sans nervosité ni inquiétude. Il faisait penser à un vieux sage rustique prenant le frais sa journée achevée. [...] Jadis le vieil homme, en ses années de vie parisienne, avait été l'ami de Modigliani et du Douanier Rousseau, puis de Man Ray, Picabia, Léger, et surtout d'Erik Satie et de Marcel Duchamp. [...] Il avait cinq vastes locaux qu'il avait aménagés, où il taillait la pierre, polissait l'acier ou le laiton, épurant de plus en plus ses oeuvres afin, disait-il, de « marcher vers le divin ». Les ateliers de l'impasse Ronsin étaient occupés par des sculptures colossales. Les sièges et les meubles que Brancusi avait lui-même taillés dans le bois, ainsi que de grandes tables rondes en plâtre et une cheminée de pierre, voisinaient avec des oeuvres de plus petit format cachées par des linges, ou sous des housses disposées avec soin. Le sculpteur circulait avec précaution dans cet ensemble hétéroclite, comme mis en scène, soulevant de légers nuages de poussière blanche. Au milieu du plus petit atelier, se dressait une forge où il faisait chauffer ses différents instruments de travail serrés tout autour, mais dont il ne se servait plus. Lorsque Brancusi me fit entrer dans la première des cinq pièces communicantes de son atelier, je découvris cet univers clos sur une création detoute une existence, à la fois lieu de travail et de vie, sanctuaire, laboratoire, galerie et musée, espace de silence et de solitude aux murs blancs, badigeonnés à la chaux, peuplé de fantômes blancs, blancs comme la barbe du vieil artiste, sa robe de moine et son bonnet. Il faisait sa cuisine dans un coin, près d'un poêle monumental qu'il avait confectionné lui même, travaillait dans un autre, tous deux très bien rangés, dormait dans la soupente où le lit avait été également sculpté par lui. Il ne dit pas un mot, referma la porte derrière lui, éteignit la lumière. C'est plus tard qu'il me parla. » C'est ainsi que Pierre Cabanne démarre cet ouvrage consacré à la vie et à l'oeuvre d'un des plus grands sculpteur du XXe siècle.
250,00DH
« Quand j'étais son voisin, vers les années 1946-1950, impasse Ronsin - dans le XVe arrondissement, une pittoresque cité campagnarde d'ateliers en instance de démolition, où des poules picoraient dans les cours -, il se tenait fréquemment debout sur le seuil de sa porte, comme s'il attendait quelqu'un. Il avait les yeux vifs, le regard ironique et malicieux. Un paysan rusé. Sans nervosité ni inquiétude. Il faisait penser à un vieux sage rustique prenant le frais sa journée achevée. [...] Jadis le vieil homme, en ses années de vie parisienne, avait été l'ami de Modigliani et du Douanier Rousseau, puis de Man Ray, Picabia, Léger, et surtout d'Erik Satie et de Marcel Duchamp. [...] Il avait cinq vastes locaux qu'il avait aménagés, où il taillait la pierre, polissait l'acier ou le laiton, épurant de plus en plus ses oeuvres afin, disait-il, de « marcher vers le divin ». Les ateliers de l'impasse Ronsin étaient occupés par des sculptures colossales. Les sièges et les meubles que Brancusi avait lui-même taillés dans le bois, ainsi que de grandes tables rondes en plâtre et une cheminée de pierre, voisinaient avec des oeuvres de plus petit format cachées par des linges, ou sous des housses disposées avec soin. Le sculpteur circulait avec précaution dans cet ensemble hétéroclite, comme mis en scène, soulevant de légers nuages de poussière blanche. Au milieu du plus petit atelier, se dressait une forge où il faisait chauffer ses différents instruments de travail serrés tout autour, mais dont il ne se servait plus. Lorsque Brancusi me fit entrer dans la première des cinq pièces communicantes de son atelier, je découvris cet univers clos sur une création detoute une existence, à la fois lieu de travail et de vie, sanctuaire, laboratoire, galerie et musée, espace de silence et de solitude aux murs blancs, badigeonnés à la chaux, peuplé de fantômes blancs, blancs comme la barbe du vieil artiste, sa robe de moine et son bonnet. Il faisait sa cuisine dans un coin, près d'un poêle monumental qu'il avait confectionné lui même, travaillait dans un autre, tous deux très bien rangés, dormait dans la soupente où le lit avait été également sculpté par lui. Il ne dit pas un mot, referma la porte derrière lui, éteignit la lumière. C'est plus tard qu'il me parla. » C'est ainsi que Pierre Cabanne démarre cet ouvrage consacré à la vie et à l'oeuvre d'un des plus grands sculpteur du XXe siècle.
Plus d'infos
ISBN / EAN 9782879392967
Publication date 2006-10-03 00:00:00
Auteur Pierre Cabanne
Editeur Terrail
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